LA CALCULETTE D’ISHANGO
Auteur : l’ambassadeur Jean-B. Murairi M.
Depuis quelques années, le monde scientifique s’intéresse de très près à un bâtonnet en os
fossilisé, vieux de 20.000-23.000 ans, rapporté du site de Ishango (Nord-Kivu, R.D.Congo) en
1950 par l’expédition Jean de Heinzelin, géologue belge. Nom du bâtonnet : Os d’Ishango ou
Calculette d’Ishango. Il est conservé au Muséum Royal des Sciences naturelles de Bruxelles.
En fait cette pièce a cessé d’être un simple sujet de curiosité, pour constituer désormais un
objet d’un intérêt scientifique majeur. Les 168 entailles droites gravées sur sa surface ne sont
ni un jeu pour enfants, ni des supports de préhension. Elles font de ce bâtonnet, soit un
instrument de calcul, soit un calendrier lunaire (ce qui atteint le même objectif).
On se trouve ici devant un précieux Trésor d’une valeur inégalée et insoupçonnée. Voici
pourquoi :
I. Origine, découverte et interprétation
Selon des scientifiques "Le bâton d'Ishango" provenant d'un site archéologique très riche,
témoigne d'une culture très développée.
"Et si les mathématiques étaient nées, il y a 20.000 ans !" dans notre région ?
"L'OS D'lSHANGO, ANCETRE DE LA CALCULETTE" (Le Soir).
Une documentation confirmée par le Journal belge "Le SOIR" du 16 décembre 2000, dans
son Article : "L'OS D'lSHANGO, ANCETRE DE LA CALCULETTE", en donne la
substance : « Et si les mathématiques étaient nées, il y a 20.000 ans sur les rives des
grands lacs africains ? Précisément au Nord-Kivu ! ».
"Les traits réguliers décelés sur un ossement fossilisé africain conservé à Bruxelles
intriguent les archéologues... et font se retourner dans leur sarcophage les anciens Egyptiens
et Mésopotamiens. Ils pourraient ne plus être les "inventeurs" des Mathématiques! ...En effet,
depuis les années 1950, un intriguant petit objet dort dans les collections du Muséum
d'Histoire naturelle de la Rue Vautier à Bruxelles. Ce petit os, long d'une dizaine de
centimètres, présente des traits gravés sur trois de ses faces. A priori, on pourrait penser qu'il
ne s'agit là que d'entailles décoratives ou destinées à assurer une meilleure préhension de
l'objet. Les chercheurs qui se sont penchés sur ces rayures émettent pourtant un tout autre
avis: Il s'agirait là, ni plus ni moins, du plus ancien objet mathématique connu. Sur cet
ossement baptisé "Bâton d'Ishango", du nom du site des fouilles où il a été exhumé, Jean de
Heinzelin, son découvreur, observe en effet, des suites précises de nombres premiers, des
colonnes dont les sommes font penser à des systèmes de numération sexagésimaux et
décimaux, ou encore, diverses arithmétiques. On peut ainsi voir dans chaque groupe de traits
une énumération simple : un ensemble de 3 traits correspond au chiffre 3 ; 8 traits au chiffre
8, etc. On peut facilement schématiser le développement du bâton en le divisant en autant de
cases qu'il y a de groupes et en substituant dans chacune de ces cases des chiffres arabes au
lieu de la juxtaposition des traits... Une série de relations internes font de ce tableau un jeu
passionnant dont on n'est pas sûr d'avoir épuisé toutes les combinaisons : duplication desnombres, produits égaux à des sommes, sommes égales à des nombres premiers, sommes
égales à la table de 4, addition de colonnes égales à 60, etc.
"Ces logiques surprennent et « jettent un fameux pavé dans la mare » (ou plutôt dans le
lac Edouard, sur les rives duquel se situait le village d'Ishango). Si le bâton est bien un des
premiers objets mathématiques inventés par l'homme, force est de constater que cette science
ne date, dès lors, plus des Egyptiens (-3.200 ans pour la première Dynastie), ni même des
Mésopotamiens (-6.000 pour le Néolithique), mais bien d'une population vieille de 20.000
ans au bas mot. (…) Dans le matériel rapporté du site on trouve aussi des coquillages issus
des mêmes strates. Ils permettent de dater les objets avec une certaine précision. Ishango était
occupé par une population particulièrement axée sur la pêche, il y a 18.000 à 20.000 ans,
précise (le Muséum).
"Si on accepte l'hypothèse mathématique, il faut encore expliquer comment cette science
balbutiante a pu rayonner loin de son berceau. C'est ici que les harpons de pêche trouvés sur
le site fouillé par de Heinzelin viennent bien à propos. En étudiant leur forme, on s'aperçoit
qu'ils présentent une grande similarité avec ceux découverts dans l'ouest et le nord du
continent, y compris en Egypte, indique l'archéologue.
De là à imaginer que la culture d’Ishango (Civilisation d’Ishango) (ceci ajouté par nous) y
compris mathématique, s'est diffusée dans une bonne partie de l'Afrique, il n'y a qu'un pas.
La Semliki ne relie-t-elle pas le lac Edouard au lac Albert, une des Sources du Nil ? »
II. Exploitation (à l’étranger, et par les premiers concernés)
? II.1. Par les pays développés du Nord
Les pays développés du Nord, à l’instar de la Région Bruxelles-Capitale, ont tout de suite
compris le parti à en tirer. Pour eux, le bâton d’Ishango les relie aux meilleures sources de
l’Humanité. Car il est "le plus ancien témoignage d'une intention mathématique" : « Les
différents objets trouvés (à Ishango), datés par la méthode du Carbone 14, font remonter le
site entre 18 000 et 20 000 ans avant le présent. Cette découverte bouleverse, dès lors, les
conceptions établies, qui font habituellement remonter les origines des mathématiques aux
Mésopotamiens, il y a un peu plus de 5000 ans, et qui lient mathématiques et écriture
présentée selon des techniques muséographiques de pointe.(…). Il serait la plus ancienne preuve
de l’acuité mathématique de nos lointains ancêtres : une calculette préhistorique âgée de 15.000 à
20.000 ans.
Pour la Région de Bruxelles-Capitale, il s’agit d’un véritable symbole de l’éveil humain à la logique
scientifique. Le « bâton d’Ishango » figure la naissance des mathématiques, un modèle intellectuel
universel qui a conduit l’homme à la science d’aujourd’hui et à ses multiples possibles. Il incarne tout
à la fois la marche de la science depuis sa lointaine origine, l’évolution technologique elle-même, mais
aussi le nécessaire et fécond rapprochement entre les cultures.
« Dans ce contexte fertile en matière grise, le bâton d’Ishango, témoin de l’activité scientifique de
nos lointains ancêtres, trouve une fonction supplémentaire et éminemment moderne : celle de porter
haut l’image du développement technologique et scientifique bruxellois en ce début de troisième
millénaire.
« Le Bâton d’Ishango est en effet porteur d’une symbolique forte. (…) (C’est pourquoi) la Région
de Bruxelles-Capitale l’a choisi comme symbole des Sciences et de la Recherche (parce que) ce petit
os gravé, issu de la fécondité créatrice humaine, figure à merveille le dynamisme scientifique des
entreprises bruxelloises ainsi que des universités et centres de recherche (avec 6.000 professeurs et chercheurs) établis en Région de Bruxelles-Capitale. »
? II.2 Exploitation par les premiers concernés (la RD.Congo dont le Kivu)
La Calculette et le Grand Portail-Hunde :
Le site d’Ishango n’est pas strictement situé chez les Bahunde, mais dans l’actuel Territoire
administratif de Beni. Néanmoins, c’est au large de Vitshumbi dans le Bwito chez les
Bahunde. Cependant l’intérêt majeur se situe ailleurs. Il réside dans le fait que toute cette
région comprenant le nord du lac Kivu, la vallée des lacs Mukoto, la plaine des rivières
Mweso, Rutshuru et Rwindi, les rives du lac Edouard et la vallée de la Semliki, a été habitée
et exploitée par les hommes de la ‘Civilisation d’Ishango’ (20.000 - 5.000 av. J.-C.). Et avant
Ishango, il y avait déjà ‘L’Homme de Katanda’ contemporain de ‘L’Homme de Neandertal’ et
ayant vécu près du même lac vers -90.000 ou même -120.000 av. J.-C. Ils fabriquaient et
exploitaient des instruments et harpons en os d’animaux ou de poissons : ce qui fut qualifié de
révolution technologique chez cet Homo presapiens.
Plus tard les rives des lacs Mukoto furent peuplés de "pêcheurs à la technologie
microlithique" : c.-à-d. une industrie et des armes faites de petits cailloux finement taillés.
Leur époque est qualifiée de Late stone age, soit entre 15.000 et -2.000 avant J.-C.
D’où le lien de succession (technologique) entre les habitants de ces trois âges.
Après cela, ce fut le tour des fabricants des métaux de la région. En témoignent les fours à
métaux de Bishange (Masisi-lac Kivu) et de Mikweti (Est-Walikale), datés de 250 après J.-C.
Trois siècles après, ce fut le clan bantou de la vallée de la Semliki dont des membres vont
émigrer plus au nord et y fonder vers le milieu du Iè millénaire1
, la dynastie précwezi, des
Batembuzi’ fondateurs bantous de l’Empire/Royaume du Kitara. Parmi les témoignages
conservés jusqu’à nous, figurent, d’une part le Kitara kya Nzururu, nom réel du Massif du
Ruwenzori; et d’autre part, le clan nande des Banisanza, descendants du roi Isanza, le dernier
monarque de la dynastie des Batembuzi.
Toute l’histoire de cette région indique sans cesse que ses habitants actuels sont des
descendants de ces clans et royaume : mouvements migratoires très anciens et s’effectuant du
nord vers le sud. Ceci exclue les affirmations récentes d’un mouvement migratoire ancien de
ces mêmes populations depuis l’est du lac Kivu vers l’ouest.
En conclusion : si la Calculette d’Ishango est devenue l’emblème des Sciences et de la
Recherche en Europe (Région Bruxelles-Capitale), elle est davantage le symbole de l’héritage
socioculturel des habitants du Kivu (surtout le Nord-Kivu, dont les Nande, Hunde, Nyanga,
etc.). Elle est le symbole de la vocation du Congo-Kinshasa à un avenir glorieux et prospère.
Le site d’Ishango est plus que jamais un précieux patrimoine national congolais : Ses
hommes (d’Ishango), lointains successeurs technologiques de la civilisation de l’Homme de
Katanda, et donnant naissance à celle des pêcheurs à la technologie microlithique des lacs
Mukoto, ceux-ci à leur tour, influençant sans doute les constructeurs des fourneaux de l’âge
du fer à Bishange et à Mikweti, et léguant plus tard quelque chose au clan bantou de la vallée
de Semliki à l’origine de l’Empire/Royaume de Kitara, et de là aux Congolais actuels de l’Est
de la République : voilà une chaîne ininterrompue qui a contribué et contribuerait à la
prestance et à la fierté du Peuple congolais. Le Congo, sa classe politique et ses élites
intellectuelles ont le devoir de promouvoir, exploiter, défendre et faire connaître ce Site
d’Ishango, ce Trésor unique au monde. Jusqu’à ce que l’Humanité entière proclame que le
Congo-Kinshasa est le berceau des Mathématiques.
1
UNESCO : Histoire générale de l’Afrique, t. IV, p. 547, et H. Deschamps : Hist. Gén. de l’Afrique, t. I, p. 515
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